Les membres du Yoga

Les Yogas Sutras de Patanjali ( dont vous avez une présentation ici ) ont comme tous les enseignements de maîtres subit les dommages de l’interprétation.
Darpan l’a d’ailleurs brillamment rappelé récemment dans un article : « La perspective éveillée ne peut être comprise ; elle est systématiquement interprétée. Les gens la jugent à partir de leurs opinions et non pas à partir de leur expérience directe et vécue ». ( voir ici )

Dans cet extrait d’une conférence datant des années 70, Maharishi Mahesh Yogi rétablit la lumière en rappelant que ce ne sont pas des « étapes » qui sont décrites par Patanjali mais bien des « membres » se développant simultanément. Il explique comment le but du Yoga est en fait très facilement atteint (notamment par la pratique de Méditation Transcendantale qui brille par son extraordinaire efficacité et simplicité).

Il prend comme exemple, le fait d’exprimer la vérité, la non-violence et le fait de ne pas voler pour préciser que tout les comportements « vertueux » sont en fait naturellement des « sous-produits » découlant de l’expérience et de la stabilisation d’un état de conscience supérieur, à partir de la Pure Conscience et en se « dirigeant » vers la Conscience Cosmique et la Conscience d’Unité.
 

Lumière sur le Yoga par infop

 

 

La version originale  

 

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Transcription de la traduction:

Les mains, les pieds, ça, ça, les membres, huit membres… Patanjali arrive pour décrire les huit membres du yoga. Les huit membres du corps du yoga. C’est l’Ashtanga yoga. Le yoga a huit membres. Cela signifie que l’état d’intégration de la vie a huit aspects, huit membres.

Les interprétations erronées commencent directement à partir de là. Et cette valeur de base de cette interprétation erronée du nom a rendu complètement embrouillée toute la philosophie.

Cela a été interprété comme les huit étapes du yoga. Ashtānga Yoga, le nom, le mot a été interprété comme amenant à la lumière les huit étapes du yoga. Huit étapes. Maintenant vous pouvez imaginer, « membres » et « étapes » ne sont pas la même chose. Quand les membres se développent, ils se développent simultanément, ce n’est pas la main qui est faite en premier et ensuite la jambe qui est faite et ensuite le nez. Tous les membres du corps se développent simultanément mais dans le cas des étapes, celles-ci se succèdent. Elles sont construites l’une après l’autre et utilisées l’une après l’autre. Et c’est ce qui a fait une grande différence.

La philosophie de Patanjali est la philosophie amenant à la lumière les huit aspects de l’état d’union, ou d’intégration et si cela est interprété en termes des huit étapes, alors nous ne savons pas où finira la confusion. Patanjali n’indique pas ces huit  Yamas, Niyama, Āsana, Prānāyāma, Pratyāhāra, Dhārana, Dhyāna, Samādhi, ces huit noms qu’il énumère, considère. Il ne veut pas dire que ce sont les huit étapes du yoga et que le Samādhi est la dernière étape, commençant par Yama, Niyama, Āsana, Prānāyāma, Pratyāhāra… Tout cela n’est pas juste. Sinon, si c’était ainsi, le Samādhi ne serait jamais atteint. Car les huit étapes ne seront jamais atteintes. Car la toute première étape l’accomplissement de cela qui ne change jamais, satya. Satya est un des cinq yamas. Yama est le premier membre que Patanjali présente, et il y a cinq yamas et le premier des cinq est satyam, satyam signifie la vérité. Juste la vérité, la simple vérité. La vérité, c’est quoi? C’est cela qui ne change jamais. Qu’est-ce que cela qui ne change jamais? L’Être seul est cela qui ne change jamais. L’Être est le Samadhi. Le Samadhi, Patanjali le place en huitième, le huitième membre du corps du Yoga. Mais Satyam, l’Être, il le place, il en parle dès le début. Cela signifie que cet état de Yoga est l’Être en son commencement et l’Être en sa fin. L’Être imprègne tout et cela est l’état de Yoga, l’état d’union.

Nous disions juste avant, tout à l’heure, que l’esprit est omniprésent et ouvrir cette valeur omniprésente de l’esprit à notre conscience anime toutes les valeurs de la vie. Et c’est le Yoga.

La vérité, au début du yoga, la vérité à la fin du Yoga. C’est l’état de Yoga. Si la vérité a commencé à s’ouvrir à notre conscience, la pratique du yoga a commencé. Et si la vérité s’est établie de façon permanente dans notre conscience, l’état de Yoga est établi. Cela est le début et la fin du Yoga. L’intégration. La méditation transcendantale accomplit cet état. Dès le début de la pratique, cet illimité, cette conscience transcendantale s’ouvre à notre conscience individuelle et en ouvrant notre conscience à cela, la conscience illimitée s’établit. Et cela est l’état du yoga, l’union.

Quand nous disons « Yoga », alors nous parlons de cet état, à partir de là, de cet état de l’Être, la philosophie du yoga commence. Et l’Être ne peut être estimé pour quoi que ce soit de moins que l’Être.

Maintenant, généralement, la pratique de Satyam, satyam, la vérité, la parole juste. Généralement il est préconisé que vous pratiquiez en premier la vérité, la parole juste. Donc, vous voyez le niveau de dégât causé à un tel magnifique état d’accomplissement, l’Être, la réalisation de l’Être est enseignée en termes de la réalisation de l’habitude de dire la vérité. Si grossier. C’est ce que les commentateurs de Patanjali ont fait à Patanjali. La vérité, la parole juste en tant que pratique est une chose si ridicule. La vérité, la parole juste ne peut être pratiquée. Ce qui peut être pratiqué est le développement de ce niveau de conscience qui exprimera toujours la vérité. Donc la vérité, la parole juste doit être pratiquée, elle doit être pratiquée dans les valeurs de développement de la pure conscience. Si ce niveau de conscience n’est pas là, on ne peut pas exprimer la vérité, avoir la parole juste. Il y aura un certain décalage avec la vérité. Donc l’accomplissement de la vérité, de la parole juste n’est pas dans le fait d’essayer de rester éveillé dans le but d’exprimer la vérité, d’avoir la parole juste. Ça serait une telle contrainte, et alors on exprimerait quelque chose. Par la suite, on s’en souviendrait : « Oh, je n’aurais pas dû parler de ceci, de cela ». Donc la vérité, la parole juste, la valeur de la vérité est dans le fait de développer la Pure Conscience spontanément, facilement, confortablement, vivre la vie telle qu’elle est.

Par conséquent, l’enseignement de Satyam (la vérité, la parole juste), en tant qu’un des enseignements de yama (les devoirs moraux), n’est pas limité à la pratique de l’expression de la parole juste, la vérité, ou voir la vérité ou quoique ce soit, mais il est destiné à être l’état de conscience et cela est l’état de yoga. Une situation tellement naturelle dans cet état de vie intégrée. Non seulement vous exprimer la vérité, mais vous sentez la vérité, et vous touchez la vérité. Quand la conscience consciente est ouverte à la Pure Conscience ou l’Être, tout ce que vous faites, vous le faites en tant qu’une vague de vérité, et cela est vivre la vérité.

La même chose pour ahimsā. Ahimsā est la non-violence, la non-violence. Ce mot est souvent utilisé et entendu. L’état de non-violence est un niveau de conscience dans lequel on produit toujours une influence support de vie. Un état de vie dans lequel les influences dommageables à la vie ne peuvent simplement ne pas être créées. Cela est cet état en Conscience Cosmique où la conscience est illimitée et on est juste le témoin de tout. Toutes les aspirations et les impulsions de vie sont alors réalisées par l’intelligence cosmique. Et alors chaque étape de l’action va dans le sens de l’évolution, de l’évolution, de l’évolution.

Car sous le sort, l’emprise, de l’intelligence cosmique, tout évolue tout le temps. Donc une fois que cela est pris en charge par l’intelligence individuelle, tout ce que l’on peut penser ou faire sera toujours dans la direction de l’évolution, de l’évolution. Spontané.  Et dans cet état de la vie où l’on produit toujours des influences support de vie, la non-violence est vécue spontanément. C’est seulement dans cet état que la non-violence est vécue. Autrement, si un homme est capable de produire des influences dommageables à la vie dans n’importe mesure, petite ou grande, alors la violence est inévitable. Que ça soit sciemment ou à son insu, peu importe, si j’ai blessé l’homme, avec un bâton ou avec une pensée négative envers lui, il a été blessé et non seulement il a été blessé lui, mais la création entière a été blessée. Et cela est la violence.

Donc quand on est incapable de blesser quoique ce soit dans la création, alors la non-violence devient une réalité vivante. C’est la qualité de ce niveau de conscience que nous appelons la Pure Conscience, ou l’Intelligence Pure ou l’Intelligence Cosmique qui est uniquement support de vie. Et cela est l’état de vie intégré. C’est seulement dans cet état de vie intégré que l’on peut ne pas être préjudiciable dans tous les sens du terme envers tous les aspects de la vie.  Donc la non-violence signifie de rendre permanente la Pure Conscience, d’acquérir la Conscience Cosmique.

La même chose est signifiée par Satyam, la vérité, la parole juste. Vivre la vérité dans la vie, faire que la vérité devienne une réalité vivante de la vie quotidienne signifie acquérir la Conscience Cosmique, acquérir la Pure Conscience.

Asteya, le troisième, Asteya signifie la non-convoitise. Ne pas voler, vous ne volez pas. Aussi longtemps qu’on est captivé par tous les objets de perception, voler est très animé. Chacun est un voleur, si on possède quelque chose qui ne lui appartient pas. Quelle est la réalité de l’appartenance? Seule la valeur infinie du Soi nous appartient. Et si on ne vit pas cette valeur infinie et qu’on est captivé par cette possession, ou cette possession, tous ce qu’on n’expérimente éclipse l’Être, alors on s’approprie ce qui ne nous ne appartient pas. Ce qui nous appartient est le Soi, l’illimité, l’Être, l’infini, l’immortalité, l’Être. Cela étant notre maison; si quelque chose d’autre entre dans notre maison, alors nous dérobons les choses des autres. C’est état est vécu seulement en Conscience Cosmique où on est juste un témoin de tout, où on ne possède rien et cette non possession est aparigrahā, aparigrahā, la sobriété, la non-acceptation dans le sens de la non-possession, vous n’acceptez pas, vous ne possédez pas la propriété d’autrui. Tout le reste dans la création appartient au changement relatif, et nous sommes le Soi non-changeant. Et si on usurpe la valeur du changement, alors on a volé cela qui ne nous appartient pas. Cela est aparigrahā. Par conséquent dans le sens de la signification réelle du mot, on est un voleur aussi longtemps qu’on ne s’est pas élevé à la Conscience Cosmique. Car apporter chez soi un bien qui appartient à quelque chose d’autre. Soi et non-Soi, posséder quelque chose, avoir quelque chose, dans ce sens Patanjali dit la non-convoitise est la qualité de l’état de vie dans le Yoga.

Dans l’état d’Unité, on est rempli, réalisé, auto-satisfait on ne possède rien, rien de ce qu’on n’est pas. Parce que dans cet état, dans cet état d’Unité, rien n’est en dehors de son propre Être. Tout en terme d’Être, tout en terme du Soi. Dans cet état, tout, peu importe ce que ça peut être, n’est plus différent de soi-même. Par conséquent, ayant tout en tant que soi-même est une réalité dans l’état de Yoga. Et c’est un état où on se trouve en dehors des limites de la convoitise. On a commencé à être en fait propriétaire de tout dans cette réalité. C’est la conscience d’Unité. Rien n’est en dehors de moi-même. Et dans cet état seulement où il n’y a rien en dehors de moi-même, où moi-même est Tout. Dans cet état seulement on s’est élevé au-dessus de cette valeur de convoitise. Autrement si moi-même est infini et que quelque chose est fini, limité et que je possède cela, alors c’est s’approprier quelque chose qui ne m’appartient pas. La propriété appartient aux trois gounas, au domaine du changement et je commence à le posséder et par conséquent je ne vis pas cette valeur d’aparigrahā, la non-convoitise.

C’est la vision de Patanjali, l’état de Yoga ou on a, possède Tout et par conséquent on s’est élevé au-dessus des possibilités d’être dans la convoitise. Nous vivons la non-convoitise dans cet état d’accomplissement où Tout nous appartient. Aussi longtemps que c’est état n’est pas arrivé, l’intégration n’est pas accomplie, le Yoga n’est pas accompli. Donc toutes ces valeurs, satya, ahimsā, asteya, … toutes ses valeurs sont les valeurs de la vie intégrée. Et si on commence par pratiquer la non-convoitise, ce sera une surprise pour un homme moderne s’il reçoit l’enseignement de ne pas voler. « Mais je ne vole pas, je ne suis pas un voleur. Comment puis-je pratique plus le fait de ne pas voler ». Il n’y a rien à pratiquer par rapport à ça. Il n’est pas un voleur de toute façon. Qu’est-ce qu’il y a là à pratiquer? Et toute la chose devient embrouillée, confuse.

La société est telle qu’on n’a pas besoin qu’on nous enseigne de ne pas voler. Personne ne vole de toute façon. On ne vole pas par nature. Donc si la philosophie de Patanjali décrivant cette non-convoitise est prise comme étant le besoin de pratiquer le fait de ne pas voler, ce sera juste une chose absurde pour n’importe quel homme civilisé.

Chacune de ces dites étapes, je pense que nous le ferons, c’est tellement intéressant, devraient être approfondies, et alors le Yoga deviendra si clair. Et tous ces systèmes innombrables de développement personnel ou d’intégration qui se trouvent sur le marché vont tous s’accorder à une catégorie ou une autre, concernant le corps, concernant les sens, concernant le comportement, concernant ceci, ceci, ceci. Et une fois que nous avons cette vision globale de toute la philosophie du Yoga, nous pouvons les trier, ces systèmes, les ordonner et très facilement les écarter. Et quand nous les comparons à la méditation transcendantale, nous ne les trouvons pas d’une quelconque valeur que ce soit. Donc nous serons clairs sur ce qu’est le Yoga et ce que cette philosophie enseigne et jusqu’à quel point l’interprétation erronée est allée dans ce domaine. Et c’est cette interprétation de cette philosophie du Yoga qui est la base de toute la souffrance dans la vie. L’homme étant un être immortel, infini, illimité souffrant dans ces petits, petits domaines ici et là. On ne mérite pas tout ça. Donc nous rendrons cela clair.

 
 
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Commentaires

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  1. Heyberger Françoise’s avatar

    Merci Thierry, quelle joie de retrouver Maharishi, de l’entendre, de le voir ainsi. Cela me rappelle de si bons souvenirs….Merci pour toutes les traductions que tu nous donnes. J’ai tellement aussi apprécié tes traductions de Eckhart Tolle avec Oprah. MERCI. Françoise.

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    1. adminblogbug’s avatar

      Merci beaucoup Françoise!

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