Ma femme

Je regarde ma femme Amy, en face de moi, de l’autre côté de la table. Bien sûr, elle n’est pas du tout « mienne ». Il n’y a rien ici qui pourrait posséder quoi que ce soit, encore moins une autre personne, rien là-bas qui puisse être possédé de toute façon. Elle est mon histoire et je suis la sienne. Elle est un personnage de mon rêve et je suis un personnage dans le sien. Je regarde de l’autre côté de la table et ce que je vois est une femme qui boit une tasse de thé. « Ma femme » est simplement une his­toire. Qu’est-ce qui est là en réalité ? Une femme qui boit une tasse de thé. En cet instant, c’est tout ce qui est. Où est cette chose appelée « notre relation » ? Tout ce que je peux trouver est ce qui se passe maintenant. Un homme et une femme qui boivent du thé ensemble.

Et pas même cela. Même « un homme et une femme qui boivent du thé ensemble » est une histoire. Il n’y a que : la respiration, le cœur qui bat, les sons, les couleurs, les tasses de thé qui s’entrechoquent, le thé chaud, les voix, la lumière, la chaleur. C’est tout ce qui est. En cela, il n’y a jamais rien qui nous sépare. Très fréquemment dans la vie, quelque chose appelée « relation » se place entre nous, masquant l’intimité qui n’.i rien à voir avec deux personnes séparées. C’est comme s’il y avait une troisième entité suspendue là entre les deux : moi, vous et « notre relation » – nos besoins, nos désirs, nos attentes vis à vis de l’autre.

 

Qu’arrive-t-il lorsque tout cela s’écroule, lorsque tout ce transfert du passé n’a plus de sens ? Il n’y a plus alors que ceci – ma femme assise là, buvant une tasse de thé et parlant, ses mots sont dirigés vers ici. C’est si incroyablement simple. C’est la chose la moins compliquée du monde. Parce qu’elle n’est pas « mienne », il n’y a aucune « relation » à défendre, aucune raison de s’inquiéter, rien à retenir, aucun sentiment de pos­session.

 

Parce qu’elle n’est pas mienne, je peux la voir très clairement pour ce qu’elle est. Parce que rien ne se trouve en travers du che­min, il y a un espace pour l’écouter véritablement, la voir, être là, simplement, buvant du thé, goûtant cet instant ensemble.

 

Parce qu’elle n’est pas ma femme, il n’y a que l’amour incondi­tionnel. C’est tellement précieux, tellement simple.

 

Quelle liberté ! Il n’y a simplement rien ici qui nous retienne ensemble. Nous avons tous deux la totale liberté de nous sépa­rer. Pourtant, nous ne l’avons pas encore fait. J’en suis tou­jours étonné : elle a la liberté absolue de partir, mais elle ne l’a pas fait. Un jour peut-être le fera-t-elle. Un jour peut-être le ferai-je. Ce sera peut-être demain. Qui sait ce que le futur peut apporter ? Pour l’instant, c’est une femme assise là, buvant son thé, et ce qui reste c’est simplement la gratitude qu’elle soit là. Je sais qu’elle n’a pas à y être (puisqu’elle est libre), mais elle y est. Je sais que je n’ai pas à y être non plus (puisque je suis libre), mais j’y suis.

 

C’est si innocent : voici une femme, assise là, buvant son thé, me racontant sa journée. Il n’y a aucun désir de posséder quoi que ce soit. C’est ce qui est, et c’est assez. Qui a besoin d’une « relation » lorsque la grâce est déjà présente?

Toutefois si vous posez la question, je vous dirai qu’elle est ma femme ». C’est ma façon rapide de dire tout ce que je viens de raconter!

Jeff Foster

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