La Mort, un aspect de la Vie, par Lee Lozowick
De toute sa vie l’homme ne fait que travailler, se démener et vivre afin de ne pas mourir, sur le plan physique, émotionnel et psychique. C’est cela qui motive l’activité humaine. Je trouve très intéressant que la vie repose sur le besoin d’empêcher la mort, lorsqu’en fait, la mort est une partie de la vie. La mort n’est pas quelque chose en soi. C’est simplement une partie du processus de la vie. Vient le triste hiver, avec beaucoup de gel et de verglas, suivi du printemps et tout reverdit. La terre est-elle morte ? Regardez la nature et vous verrez que cela n’est qu’une question de cycles.
Dites-moi, pourquoi en irait-il différemment pour vous ? Pourquoi les gens seraient-ils autre chose que ce qu’est la nature ? Il n’y a aucune raison pour cela. Le simple fait que vous soyez dotés d’une intelligence qui a conscience d’elle-même, ne veut pas dire que vous devriez être différents.
La mort est très simple et très naturelle. C’est une loi universelle. Il s’agit de cycles, comme dans le cas du papier recyclé. La lune a des cycles, la terre a des cycles, les étoiles ont des cycles. Les étoiles passent successivement du bleu, au rouge, au jaune et au blanc, et finalement elles s’éteignent. Après cela il y a une autre étoile. Tout suit un processus cyclique, et, à l’instar de tout le reste, vous en suivez un aussi.
Il est tout à fait exceptionnel sur terre (et je dis sur terre parce que ceci se produit à d’autres endroits de l’univers), que notre vie, celle des êtres humains que nous sommes, repose sur le besoin d’empêcher la mort. Aucune autre créature sur la planète n’exhibe cette particularité bizarre, ce refus de la mort. En réalité, la « mort » à laquelle on s’oppose et que l’on nie, n’existe pas. Le recyclage existe. Lorsque l’on oppose la vie et la mort, voyant en chacune un événement en soi, on ignore le processus cyclique. Il vous est impossible d’apprécier la beauté de la vie de cette manière là, vous ne pouvez alors voir en elle qu’une bataille macabre. A supposer que l’écologie soit vraiment votre dada, et que vous receviez une lettre d’une société qui utilise du papier recyclé, vous l’appréciez. C’est pour cela qu’il se peut qu’un yogi vous dise, « Ah, tu es une vieille âme. » Vous avez été recyclé de nombreuses fois et il l’apprécie.
Il est intéressant d’observer ce que vous faites pour maintenir la vie. Votre seule motivation est d’empêcher la mort, vous ne pouvez pas prendre une assurance sur la survie. Il n’y a rien que vous puissiez faire en ce qui concerne la survie, car que cela vous plaise ou non vous allez survivre.
Tout est inversé. Vous êtes absolument mal informés sur le processus de la vie. Vous ignorez ce qu’est la vie, sur le plan physique, émotionnel, psychologique, et spirituel. Cela revient toujours à : comment allez-vous échapper à la mort? Et la réponse qui vous vient est : gagner. Être l’équipe gagnante. L’équipe qui gagne, reste en vie. L’équipe qui perd, meurt. Toute compétition est une expression de cela. C’est pour empêcher, de toutes vos forces, le cycle inévitable de la vie connu comme étant la mort.
L’un des grands paradoxes de notre vie commune tient au fait que je n’arrête pas de vous dire, « Lâchez prise, lâchez prise. » Pour être ouverts vous devez lâcher prise, afin que la Grâce puisse être votre moteur. J’ai besoin d’une porte ouverte pour mettre le pied à l’intérieur. Je ne peux pas mettre le pied à l’intérieur, si vous fermez la porte trop vite. Cependant plus vous lâchez prise, plus cela devient difficile, au lieu de facile comme on pourrait s’y attendre. En fait plus la personne lâche prise, plus le phénomène de résistance apparaît dans sa vie de façon évidente, et plus elle rencontre d’obstacles. C’est très courant. Il est des gens qui m’ont fait allusion à cela et m’ont dit, « Je croyais vraiment y être arrivé. Je restais assis avec vous pendant un moment, et j’étais véritablement ouvert et en plein dedans. Puis tout mon univers explosa et se désintégra. » Donc plus vous lâchez prise, plus vous avez de résistances. En toute logique on pourrait croire que lâcher prise devrait vous donner un espace dégagé, où vous me seriez ouverts, et votre vie en serait améliorée ou deviendrait plus heureuse, ou que vous vous mettriez à être plus paisibles, plus compréhensifs, etc.,
Y eut-il jamais un esclave pour avoir un tel Maître
Y eut-il jamais quelqu’un de si bas pour être béni par Quelqu’Un de si haut
Y eut-il jamais quelqu’un de si perdu que vous auriez choisi de le trouver
Y eut-il jamais quelqu’un pour se cacher si bien que vous l’auriez cherché tellement longtemps
Je pense que non, mon Bien-aimé, il faut que je sois le seul pour qui vous pourriez tant souffrir, que vous pourriez tant aimer
Je pense que je dois vraiment être le seul.
(The Cheating Buddha, Hohm Press 1980)
Pourquoi, alors, la résistance augmente-t-elle avec le lâcher prise ? Bon, que vous promet le gourou ? La mort. Le gourou peut balancer ce mot un peu partout, puisqu’il sait que la mort est simplement une partie de la vie. Si vous voyez votre fin dans la mort, vous lui résisterez comme un beau diable. Vous lâchez prise parce que le gourou promet Dieu. Pendant ce temps votre subconscient dit, « Plus je lâche prise, plus je me rapproche de la mort. » C’est alors que surgissent plus de résistances, puisque vous interprétez la mort comme étant la mort de vous-même, au lieu d’y voir un aspect de la vie. Donc la résistance, l’anxiété, la tension et la peur qui se font jour dans notre relation, résultent de l’effort que vous faites pour nier ce que vous pensez être la mort : la fin complète de vous-même. Ce qui est plutôt intéressant c’est que, c’est qui vous pensez être qui meurt
Lorsque vous pouvez réellement voir ce que vous êtes en train de faire, cela ne revêt pas un aspect moral ou immoral, juste ou faux. Cela vous montre simplement ce qu’est le schéma de votre vie, ce qui a besoin d’être dissout. Ce schéma est celui d’un labyrinthe au travers duquel vous courez indéfiniment pour vous éloigner de la mort. La vie spirituelle ne consiste pas à changer le labyrinthe, à créer un labyrinthe plus confortable, mais à réaliser que pour commencer il n’y a pas de labyrinthe, que sa nature est illusoire. Lorsque vous voyez vraiment cela, vous cessez de vous agripper et cramponner; vous ne vous accrochez plus à rien comme vous le faisiez alors que vous cherchiez à esquiver la « fin ». Il est certain que pour vous tous, il est des personnes avec qui vous préférez passer du temps : votre compagne, votre maîtresse, vos amis, vos enfants. C’est bien. Il y aura toujours des gens avec qui vous préféreriez être. Mais qu’arrivera-t-il si demain un camion leur passe dessus ? N’importe quoi peut se produire. On ne peut pas s’opposer aux cycles de la vie. Cette relation-ci ne peut pas être permanente. Je souhaite que vous soyez là pour un bon bout de temps, cela serait sympa. J’apprécie chacun de vous et c’est avec plaisir que j’espère passer plus de temps avec vous, mais rien n’est permanent. Lorsque vous vous accrochez, que vous vous obstinez, la vie continue à être le refus et le déni de la mort, au lieu d’être seulement la vie.
Disciple : Il existe un grand nombre de philosophies consolatrices qui avancent l’idée d’une forme de vie après la vie. Par ailleurs, beaucoup de personnes pensent que la mort est l’anéantissement total. Qu’avez-vous à dire sur ces façons de voir ?
M. Lee : La mort est anéantissement. La naissance est l’anéantissement de ce qui venait avant la naissance. Il y a tout ce processus cyclique de création, naissance, croissance, désintégration, et mort ; et chacune de ces étapes est anéantissement. Ce qui est impliqué dans la vie-en-Dieu est le renouvellement ou la re-création de la reconnaissance de la vérité à chaque instant. Cela n’a rien à voir avec une quelconque âme individuelle qui est maintenue et reste consciente de son individualité au cours de tous ces différents processus. C’est la consolation et çà n’est pas vrai. Ce qui est vrai c’est qu’au moment de la mort je serai anéanti. Au moment de la création je me réveillerai de nouveau, et l’étape précédente sera anéantie. Et ainsi de suite, tout au long des processus de naissance, croissance, désintégration ; et à nouveau la mort. Une fois que l’on est éveillé, on l’est pour toujours, et pourtant il n’y a personne pour être éveillé. Lee Lozowick en tant que véhicule ne sera pas dans les parages après la mort, pour aider les chercheurs sur le chemin ou guider les gens dans leurs rêves. Il y aura une forme totalement différente et je serai éveillé, présent avec cette forme, en dépit du fait que sera complètement anéanti, ce que les gens prennent pour ce « je » actuel.
Disciple : Pourquoi avons-nous peur de la mort ? Pourquoi ne pouvons-nous l’accepter ?
M. Lee : La raison pour laquelle les gens ont peur de la mort est très simple. Tout n’est qu’une question de ce à quoi on s’identifie. Si on s’identifie au véhicule, la mort représente certainement une peur terrible. La plus grande peur de toutes est la peur d’être anéanti. Dès lors que la moindre forme d’identification est en cause, on a peur de l’anéantissement. Pour qu’il y ait identification, il faut qu’il y ait un état fini ou une forme finie. C’est l’expression première de la dualité. N’importe quelle forme d’identification entraînera la peur de l’anéantissement. C’est pour cela qu’en fin de compte vous devez abandonner jusqu’à la réalisation. Si vous vous y identifiez, vous aurez peur un jour d’être « non-réalisé ».
L’anéantissement n’est que la nature du changement. Si l’on reconnaît que l’on existe en qualité de ce qui est toujours anéanti, si l’on se reconnaît comme étant la nature même du changement, alors qu’y a-t-il qui puisse être anéanti ? Rien ! C’est cela le paradoxe : tout est anéantissement, et en vérité il n’y a pas d’anéantissement. Il y a simplement le changement parfait, le mouvement parfait. Réalisez que vous êtes littéralement la nature même du changement, et vous êtes Vivants. Une fois que vous êtes Vivants, vous ne mourez jamais. Vous n’aurez pas de fin et serez éternels. Cela n’est pas l’immortalité individuelle, c’est Dieu.
(In the Fire, Hohm Press 1978)
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