Apprivoiser le pire

Une fois encore une superbe mise en perspective grâce au regard éveillé et la présence extraordinairement rayonnante de Byron Katie à travers cet extrait de « Aimer ce qui est » qui nous parle aussi de la profondeur (ou l’élévation?) de sa conscience.

Ce que Katie appelle le travail est une démarche magnifique, simple et puissante de questionnement personnel qu’elle a mise au point et utilise déjà depuis de nombreuses années pour aider les gens à retrouver la paix. (voir ici)

Elle a écrit plusieurs livres

Apprivoiser ce qui peut survenir de pire

par Byron Katie

J’ai aidé des gens à appliquer le Travail au viol, à la guerre au Viet­nam et en Bosnie, à la torture, à l’emprisonnement dans les camps de concentration nazis, à la mort d’un enfant et à la douleur chro­nique qu’entraîne une maladie comme le cancer. Plusieurs d’en­tre nous sont d’avis qu’il n’est pas humainement possible d’ac­cepter les expériences extrêmes de ce genre, encore moins de les aborder avec un amour inconditionnel. Et pourtant, non seule­ment est-ce possible, mais c’est bel et bien notre nature véritable.

Aucune atrocité n’a jamais eu lieu, sauf dans notre mental. La réalité est toujours bien, même dans les situations d’apparence cauchemardesque. Le scénario que nous tissons est le seul cauchemar que nous n’ayons jamais vécu. Quand j’affirme que le pire qui puisse survenir est une croyance, c’est au sens littéral du terme. Le pire qui puisse vous arriver, c’est votre système de convictions non investigué.

La peur de la mort

À l’École du Travail [The School for the Work] j’aime bien employer l’investigation pour accompagner les gens au fil de ce qu’ils craignent le plus. Ils sont souvent d’avis qu’ils souffriront horriblement au cours du processus de la mort, mais également après leur décès. Je les guide assez loin dans ces cauchemars éveillés pour dissiper l’illusion de la peur, de la douleur et de la souffrance.

J’ai souvent été au chevet de mourants qui, après avoir accom­pli le Travail, me confient invariablement qu’ils vont bien. Je me souviens d’une dame en proie à une intense panique ; elle se mourait d’un cancer. Elle avait réclamé ma présence auprès d’elle, et je suis venue. Je me suis alors installée à ses côtés et lui ai dit : « Je ne vois pas où est le problème. » Elle m’a répondu : « Non ? Eh bien, je vais vous en montrer un ! » Elle a tiré les draps et dévoilé ses jambes. L’une d’elles était enflée au point d’avoir doublé sa dimension normale. J’ai regardé autant comme autant, sans toutefois pouvoir trouver de problème. Elle s’est alors excla­mée : « Vous devez être aveugle ! Regardez ma jambe. Et voyez l’autre. » Et j’ai répondu : « Oh, maintenant je vois où est le problème. Vous souffrez de la conviction que cette jambe-ci devrait ressembler à l’autre. Qui seriez-vous sans cette pensée ? » Et elle a compris. Elle a éclaté de rire, et avec ce rire, sa peur s’est envolée. Puis, elle m’a confié que c’était le moment le plus heureux de toute son existence.

J’ai un jour rendu visite à une femme qui se mourait dans un hospice. Quand je suis entrée, elle faisait la sieste ; je me suis donc assise près du lit jusqu’à ce qu’elle ouvre les yeux. Puis, le moment venu, je lui ai pris la main et nous avons bavardé quelques minutes. Elle m’a expliqué : « Je suis terrorisée. Je ne sais pas comment mourir. » Et je lui ai demandé : « Ma chérie, est-ce vrai ? » Elle a repris : « Oui. Je ne sais tout simplement pas quoi faire. » J’ai poursuivi : « Quand je suis entrée, vous faisiez la sieste. Savez-vous comment vous y prendre ? » « Naturelle­ment », m’a-t-elle répondu. Je lui ai dit : « Vous fermez les yeux chaque soir pour vous endormir. En général, nous avons hâte de dormir. Il en va de même pour la mort. Il n’y a pas pire, sauf dans votre système de croyances qui suppose qu’il y a autre chose. » Elle m’avoua alors qu’elle croyait à la vie après la mort, ajoutant : « Je ne saurai pas quoi faire quand j’y serai. » « Êtes-vous vrai­ment certaine qu’il y ait quelque chose à faire ? » lui demandai- je. « J’imagine que non », répondit-elle. « Vous n’avez rien à savoir, tout est toujours parfait. Tout ce dont vous avez besoin est déjà là ; vous n’avez pas à y réfléchir. Tout ce que vous avez à faire, c’est une sieste quand vous en ressentez le besoin, et en vous éveillant, vous saurez quoi faire. » Naturellement, je lui décrivais la vie, pas la mort. Nous sommes ensuite passées à la deuxième question « Êtes-vous absolument certaine que c’est vrai que vous ne savez pas comment mourir ? » Elle se mit à rire et m’expliqua qu’elle préférait de beaucoup être auprès de moi plutôt qu’avec son scénario. Quel bonheur de n’avoir nulle part où aller sauf à l’endroit où nous sommes à l’instant même !

Lorsque le mental se tourne vers la mort, il contemple le vide et y appose une étiquette afin de l’empêcher de faire l’expérience de ce qu’il – le mental – est vraiment. Jusqu’à ce que vous compreniez que la mort est analogue à la vie, vous tenterez toujours de régir le cours des événements et cette attitude entraî­nera invariablement de la souffrance. En l’absence d’un scénario qui contredit la réalité, il n’y a pas de tristesse.

Le peur de la mort constitue l’écran ultime qui masque la peur de l’amour. Nous croyons redouter la mort de notre forme physique, alors qu’en réalité nous craignons la disparition de notre identité. Cependant, grâce à l’investigation, en comprenant que la mort n’est qu’un concept et qu’il en va de même pour notre identité, nous en venons à réaliser qui nous sommes. Et ceci met un terme à la peur.

La perte n’est qu’un autre concept. J’étais présente à l’accou­chement de ma fille lorsque mon petit-fils Race vit le jour. Je l’ai aimé dès le premier coup d’œil. Puis je me suis rendu compte qu’il ne respirait pas. Lair soucieux, le médecin entreprit promptement un traitement sur le bébé. Les infirmières s’aperçurent que les mesures n’avaient pas d’effet ; un affolement, une panique tangibles s’insinuèrent dans la salle d’accouchement. Rien de ce que l’équipe médicale faisait ne donnait de résultats – le bébé ne respirait toujours pas. À un certain moment, Roxann me fixa dans les yeux et sourit. Elle m’expliqua par la suite : « Tu sais ce sourire que tu as souvent sur le visage, maman ? Quand je t’ai vue me regarder ainsi, une vague de paix m’a envahie. Et même si le bébé ne respirait pas, j’étais sereine, je l’acceptais. » Peu après, le souffle pénétra dans le corps de mon petit-fils et je l’entendis pousser un cri.

J’adore le fait que ce petit être n’ait pas eu à respirer pour que je l’aime. Après tout, sa respiration ne regardait que lui, et pas moi. Je n’allais pas me priver d’un seul instant avec lui, qu’il respire ou non. Je savais que même sans une seule respiration, il aurait eu une vie bien remplie. J’aime la réalité ; pas comme un fantasme me le dicterait, mais exactement telle qu’elle est à l’ins­tant même.

 
 
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Commentaires

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  1. betty’s avatar

    la vérité est belle ,ainsi ,que la réalité…!

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  2. Stéphane @ Feu de Vie’s avatar

    Bonjour,

    Merci pour la transcription de ce texte de Katie Byron.

    C’est tellement vrai. Il n’existe rien d’autre que la Réalité et c’est le refus que nous lui opposons qui crée toute notre souffrance psychologique.

    Nous sommes tellement habitués à dire non à la vie plutôt que oui. La guérison réelle et profonde vient vraiment de la découverte de notre véritable nature… Sommes-nous vraiment ce que nous croyons être ? Nous avons vraiment à découvrir la vérité à ce sujet.

    Le Christ disait déjà il y a plus de 2000 ans « La Vérité vous rendra libre » .

    Avec Amour,
    Stéphane

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  3. agnès’s avatar

    Un tout grand Merci, c’est exactement ce que j’avais besoin de ré-entendre:)

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