Maîtres occidentaux (1)

En octobre 2009, StillnesSpeaks.com est allé à San Rafael en Californie afin de présenter 15 maîtres de la non-dualité au public. Ils ont préparés une liste de questions, les mêmes, pour chacun d’eux. Nous commençons ici avec Francis Lucille.

 

 


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Transcription

 

Qu’est qui vous motive à enseigner?

Cela me plait. Et les gens viennent et posent des questions. Donc c’est une belle convergence. S’il n’y a pas de questions, il n’y a pas d’enseignant. Et si ça ne me plaisait pas je ne le ferais pas non plus. Donc ces deux choses sont deux prérequis pour créer un enseignant.

Quelle est votre définition de la non-dualité?

Il n’y a seulement qu’une réalité. La réalité de notre propre expérience humaine et la réalité de l’Univers et la réalité de tous les esprits est la même réalité. En d’autres mots, peu importe ce que c’est que nous sommes à la base, c’est cela que l’univers est à sa base. Nous avons une base commune avec l’Univers. Si vous trouvez votre base, vous trouvez la base de l’Univers.

Quelle est la cause de la souffrance?

Le Bouddha l’a dit, c’est l’ignorance…qui est la distinction entre le moi, le soi et le non-soi.

Qu’est-ce que la quête de Soi

C’est une investigation au sein de la nature de la conscience, de ce que j’appelle, la base de nos expériences, la réalité de nos expériences, la réalité de cela que nous sommes. Pour être plus précis, c’est une tentative utilisant tous les moyens à notre disposition pour trouver une réponse à la question « quelle est la preuve, s’il y en a une, que cette conscience qui entend ces mots en ce moment même est limitée, personnelle, séparée plutôt qu’universelle, divine, infinie, éternelle? ». Qu’elle est la preuve? A la fin de ce processus, ça deviendra clair, si nous sommes consciencieux et si nous sommes intéressés, qu’il n’existe pas de telle preuve. Cette étape est importante parce que tant que cette conviction n’a pas été établie, il n’y a pas de possibilité pour nous d’avoir accès à notre véritable être. Cette croyance en un soi séparé nous empêche de découvrir ce que nous sommes réellement. La découverte de ce que nous sommes réellement est une révélation, cela s’auto révèle. Il n’y a rien à faire pour que cette révélation se produise, mais nous pouvons la rendre possible à travers l’investigation. Cette investigation est un processus de discrimination entre le soi et le non-soi qui, dans un sens, prépare déjà l’esprit et le corps à recevoir le cadeau de la grâce.

Il y a-t-il une différence entre la conscience (awareness) et la conscience (consciousness)?

Non, non et en fait dans ma langue natale, en français nous avons seulement un mot. Je suppose que s’il y avait une différence substantielle, nous aurions aussi deux mots. Je ne sais pas quelle différence, vous faites, vous en anglais, mais pour nous c’est la même chose et pour les deux, dans mon cas, je veux dire simplement cela, cela, peu importe ce que c’est qui entends ces mots en ce moment même. Peu importe ce que c’est. Vous savez John Locke, le philosophe définissait la substance comme ce quelque chose que nous ne savons pas ce que c’est. Je pense que cette définition s’applique assez bien à la conscience aussi. Quelque chose que nous ne savons pas ce que c’est. L’esprit, l’esprit, est …est…est un grand introuvable, introuvé. Tout le monde en parle, personne ne la jamais trouvé. Donc l’esprit est prétendument, d’une certaine façon le contenant personnel des pensées, des perceptions, des sensations mais en fait nous n’avons pas accès au contenant. Tout ce à quoi nous avons accès, les pensées, les perceptions et les sensations apparaissent dans la conscience. Elles apparaissent là, de toute évidence, elles n’ont nulle part où aller et elles partent et ne vont nulle part. Par conséquent elles étaient simplement des superpositions, des surimpressions sur leur réalité qui est la conscience juste comme des vagues dans l’océan. Elles ne quittent pas l’océan, elles ne vont nulle part quand elles disparaissent, elles étaient simplement superposées sur l’eau qui est leur propre substance. Donc similairement, les perceptions mise en œuvre si vous vous voulez, les pensées n’ont pas de réalité en elles-mêmes. Elles dérivent leur réalité de leur substance. En latin, ça veut dire « ce qui se tient sous ». De ce qui se tient sous. La conscience qui se tient sous elles ou qui les perçoit ou qui les connait.

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui est en recherche du Soi?

De continuer de chercher. Il y a en fait deux sadhanas, il y a une une sadhana « pré-illumination » ou « pré-éveil » et une sadhana « post-éveil ». La sadhana « pré-éveil » est conduite à partir du point de vue qu’il y a un chercheur de vérité, qu’il y a une entité personnelle, aussi longtemps que nous croyons être une entité personnelle, un faiseur personnel; nous devons chercher. On ne peut pas simultanément prétendre d’un côté croire que nous sommes une personne, une personne séparée et d’un autre côté, simultanément utiliser l’argument dérivé de la non-dualité comme quoi il n’y a pas de faiseur personnel, comme excuse pour ne rien faire, parce que nous sommes alors inconsistants. Soit c’est notre expérience qu’il n’y a pas de faiseur personnel et dans ce cas il n’y a rien à faire ou ce n’est pas notre expérience et alors nous ne pouvons pas utiliser ça comme argument pour ne rien faire. Si nous croyons être un faiseur, il y a quelque chose à faire qui est de trouver qui est le faiseur. Maintenant il y a une seconde sadhana qui est une sadhana post-éveil. C’est une sadhana où il n’y a pas de faiseur. Il n’y a jamais eu de faiseur de toute façon. Mais cette sadhana est une coopération des instruments corps et esprit qui maintenant deviennent des outils dans les mains de l’Ultime qui les libère des résidus de l’ignorance. L’éveil est la révélation de notre véritable nature mais dans la plupart des cas en tant que résultat de cette révélation, bien que l’ignorance soit virtuellement détruite. Dans la tradition indienne, ils utilisent l’image d’un serpent quittant sa peau et la peau qui reste a encore la forme du serpent mais bien sûr n’a pas la dangerosité du serpent et similairement, il y a des résidus de l’ignorance même après l’éveil qui peut simuler pour un temps une entité personnelle résiduelle mais cette sadhana post-éveil pourrait être comparée à la dispersion finale des résidus de la peau du serpent par le vent. A cette fin, des techniques apparentes peuvent être utilisées, mais elles sont utilisées dans un esprit très différent parce qu’il n’y a pas de faiseur, il n’y a pas de praticien de ces pratiques spirituelles. Elles sont plus comme des expériences qui sont menées.

Est-ce qu’un enseignant vivant ou gourou est nécessaire?

Dans la plupart des cas, oui. Une autre réponse est : théoriquement non. Pratiquement parlant oui. Cela est particulièrement vrai si cette question est suscitée par un enseignant car de toute évidence si la question est suscitée par un enseignant, tout comme la marche est démontrée par le fait de marcher. L’enseignement est démontré par le fait de demander et répondre. Donc oui, dans la plupart des cas, oui. Et par rapport à mon expérience personnelle, oui. Et l’élément le plus important en fait, n’est pas ce qui est dit. Mon maître avait l’habitude de dire: vous savez, parler entre nous est juste un prétexte pour être ensemble, pour jouir du fait d’être ensemble entre nous, pour réaliser, pour jouir du parfum de la Présence.

Il y a-t-il une telle chose que l’illumination? Si c’est le cas, qu’est-ce?

C’est une profonde transformation initiée au cœur même du corps-esprit par un acte de grâce, qui signifie un aperçu de la Présence. C’est une réponse à une question et à un désir profond pour cette expérience. Un désir qui est si puissant qu’il est plus fort que notre peur de disparition absolue. C’est la victoire de la lumière sur l’obscurité. En tant que résultat de cette initiation, graduellement l’esprit et le corps sont réalignés avec la vérité qui a été révélée. Ils deviennent les serviteurs de l’Absolu. L’Absolu les utilise comme il lui plait.

Il y a-t-il une différence entre l’illumination et la réalisation de soi?

Et bien, ce qui est important, l’utilisation des mots dans ce domaine est mal défini. Je n’essaye pas d’être cohérent, conséquent avec tout ce que tout le monde a dit sur ce sujet. Mon but est plus modeste: c’est d’être cohérent avec ce que je dis à un moment et au moment suivant ou d’essayer de faire ainsi. Et il en résulte que je dois définir des mots, avec lesquels dans un sens, certains et même moi-même ne seraient pas forcément d’accord. Donc juste comme je définis la conscience comme étant cela, peu importe ce que c’est, qui entends ces mots en ce moment même, l’illumination ou l’éveil serait un aperçu de la conscience se voyant elle-même dans son indépendance totale, en l’absence de tout objet, se voyant elle-même dans sa nudité, pour ainsi dire. Et comme résultat du fait de se voir dans sa nudité, il y a l’expérience de sa réalité, de sa totale indépendance, de son unité, de son éternité, de sa splendeur, de l’amour…qu’elle est, de l’intelligence qu’elle est. Cela serait l’illumination. Mais alors que les objets du monde reviennent, il peut y avoir des résidus d’ignorance qui sont attachés à ces objets, aux sens de perception, aux systèmes de croyance. Mais la vérité qui a été vue durant ce moment d’éveil ne peut jamais être oubliée, le Rubicon a été traversé. Le fleuve Rubicon a été franchi et à partir de ce moment tout va dans la direction d’être établi dans la paix de la Présence, à la fois dans l’absence des objets et aussi dans la présence d’objets. Donc l’étape finale avec alors ce que je pourrais appeler la réalisation de soi juste dans le but d’avoir deux mots différents. En Inde ils ont de beaux mots, le 1er est appelé Nirvikalpa Samadhi qui signifie l’état sans objets et le second est appelé Sahaja Samadhi qui signifie l’état naturel. Il implique que c’est le seul état stable, que l’ignorance est un état instable. L’ignorance est un état qui attend de disparaître, qui attend de mourir, alors que notre état naturel, le Sahaja Samadhi, l’état Sahaja est notre état par défaut, notre état permanent dans laquelle la conscience est conscience d’elle-même, à la fois dans la présence et l’absence d’objets. Le monde, le corps et l’esprit sont vus simultanément avec la fragrance de la présence. Donc c’est comme vivre dans deux univers simultanément, un qui est sans temps, éternel, réel, absolument tranquille et l’autre qui est le monde habituel. De la même façon que quand vous regardez un film dans votre canapé, vous vivez simultanément le confort de votre canapé et l’agonie du thriller qui passe à l’écran.

Quelle est la vérité du monde?

C’est exactement la description de l’expérience de Nirvikalpa Samadhi, le monde signifiant tous les objets, et c’est le monde du corps-esprit. Pas de pensées, pas de sens de perception et pas de feeling de sensations corporelles. Maintenant, souvent, les yogis qui essayent d’atteindre cet état à travers l’effort, à travers une pratique se retrouvent dans un état de vide, un état de vide ou de néant qui est encore un objet car l’absence d’objet est encore un objet, et ils restent collés là. Nous détectons que vous êtes dans un tel état par deux facteurs. Numéro 1: c’est un état qui dure, il a une durée et s’il y a durée, il implique qu’il y a objectivité. Numéro 2: il n’y a pas de fragrance, pas de parfum attaché à cet état, pas de jus si vous voulez, pas de bonheur. Il devient ennuyeux après un moment. Au début il peut être ressenti comme relaxant mais ensuite il devient juste ennuyeux et nous voulons continuer, aller plus loin. Donc souvent les yogis qui ne sont pas supervisés correctement par un instructeur qui est établi dans l’état naturel, resteront collés là dans situation déroutante, dans cette…comment vous dire…comme à la porte du Paradis, attendant Saint-Pierre, mais l’attendant longtemps.

Il y a-t-il une chose que vous pouvez dire avec certitude sur la vérité?

Il y a plusieurs choses, en fait. La vérité EST. C’est la 1ère. La 2ème, la vérité est conscience. Et ce qui est, comme dit la BhagavadGītā, ne cesse jamais d’être.

 
 

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